La Chute
Numéro 1:
Nous nous étions connus en 2016 sur Facebook. Tu m’as invité à ton restaurant. Nous nous sommes rencontrés et nous avons tout de suite accroché.Ton esprit, tes pensées, nous étions connectés. Je t’ai quitté ce jour-là avec le sourire et le sentiment d’avoir enfin rencontré un autre moi. Puis peu de temps après, j’ai quitté la Côte d’Ivoire pour la Tunisie. Je n’ai pas malheureusement pas pu te dire au revoir.
Un mois après, j’ai appris la nouvelle, je m’en rappelle comme si c’était hier mais surtout je me rappelle mots pour mots de ce que ce journal avait écrit sur toi : “ Un homme retrouvé mort à Abidjan, selon des médias locaux, son corps était en état de putréfaction, la tête emballée dans un sachet plastique avec un tubage alimenté par une bouteille de gaz réfrigérant enfoncé dans la bouche”
J’ai essayé d’en savoir plus ,mais comment ? Surtout pourquoi ? Personne ne semblait avoir de réponse. La douleur était tellement forte que je n’ai pas fait de deuil, j’ai préféré enfouir tout ça dans un côté caché de mon âme. Je ne voulais pas être confrontée. Je me suis imposée une amnésie volontaire. Aujourd’hui j’ai l’impression que tout le monde t’a oublié, mais moi à chaque fois que cette réalité est réapparue et que tu es apparu , j’ai sombré.
Numéro 2
Je me rappelle le jour où tu es venue à la maison me dire que tu devant t’envoler pour l’Angleterre le lendemain. Nous devions avoir 10 ou 11 ans.
“Bintou je pars, je sais que je ne vous ai pas dit, mais je te donne mon numéro, appelle-moi et on se reverra on se promet” Quand tu es partie j’ai pleuré sur maman de toutes les larmes de mon corps. À l’époque, une minute à l’étranger coûtait au cyber 200 francs. J’économisai l’argent de ma bouffe d’école pour t'appeler. J’étais si heureuse de t’entendre. Le temps est passé, nous avons grandi, les appels ont diminué. Tu es revenue à nos 22 ans pendant l’été. Mère d’une petite fille maintenant tu n’avais pas changé et ton coeur était toujours aussi bon. L’année passée, tu t’en es définitivement allée. Tu as donné ta vie en couché pour ton enfant. Tu as laissé 2 enfants. Là encore, je l’ai enfouie dans cet endroit de mon coeur et de mon âme qui stocke les douleurs que je ne peux et auxquelles je refuse de me confronter. Tu sais je vis dans la même ville que K mais j’ai pris mes distances avec elle parce que je ne veux pas parler de toi, je ne veux pas me rappeler je ne veux pas y penser. Oui je suis lâche.
Numéro 3
Je t’ai dit : “Je pense avoir de nouveaux amis”
Tu m’as répondu : “Ne donne pas trop vite la place d’ami à tout le monde, laisse les difficultés de la vie le faire pour toi”
J’étais persuadée que tu avais tort et que si un jour je sombrais comme cette fois où tu m'as aidée à remonter la pente ces personnes-là seraient là pour moi. Puis c’est arrivé. Quand je piquais des crises de nuit dû à mes nombreux cauchemars et que je t’appelais tu me demandais où sont mes amies. À moi de trouver toutes sortes d’excuses
“ Elles sont surement très occupées ou elles n’ont rien remarqué ou je ne suis plus sur les réseaux sociaux c’est normal comment pourraient elles me joindre ?”
“Quand on ne peut pas joindre une personne sur les réseaux sociaux, on l’appelle sur sa ligne directe.”
Tu avais raison, s’il y a une seule chose qui était disponible cela a toujours été ma ligne téléphonique, mais je n’ai reçu aucun appel. J’ai dû me rendre à l’évidence qu’ils et elles étaient mes ami.e.s, mais elles ne me considéraient pas forcément de la même manière pour prendre de mes nouvelles ou s'inquiéter de moi. Après tout il nous arrive de nous tromper non ? Et tout n’est pas voué au succès sur cette terre. Ce serait mentir de dire que j'ai reçu du soutien de ceux dont je ne m'y attendais pas. Merci.
Le pire Numéro 3 est que toi aussi tu es parti. Tu m’as pendant cette dépression pour t’engager dans une autre relation. Pour une rivale que je ne pouvais affronter. Dieu. J’ai toujours été jalouse de la relation que tu avais avec lui. Je ne peux pas dire que je ne t’en ai pas voulu d'être parti surtout dans ce moment mais, qui suis je pour t'empêcher de te rapprocher de lui alors que moi-même c’est tout ce que j’ai toujours recherché ? Une chose est sûre, grâce à toi, j'ai enfin décidé d'aller voir un médecin spécialiste des maladies dont on ose pas prononcer le nom en Afrique. Tu sais les docteurs qui arrangent les choses dans la tête.
Numéro 4
Nous n’avons pas forcément toujours eu de bons rapports. Je suppose qu’il s’agit de l’animosité Femme-Femme. Tu sais qu’il m’a éduqué pour avoir un cœur fort mais, il ne m’a pas appris quoi faire quand mon cœur est faible. Je me rappelle quand j’ai été opérée, à mon réveil, tu étais à mon chevet et tu pleurais. Tu t’es occupé de moi, tu m’as lavée. J’ai vu l’amour ce jour-là, que tu avais pour moi. Quand j’ai appris ton état, j’ai eu peur, je n’ai jamais autant eu peur de ma vie. La pensée même de te perdre m’a donné envie de mettre fin à mes jours. Je me suis rendu compte de tous les moments que j’avais ratés et négligés. Maman, on dit que le souhait d’un parent est de quitter ce monde avant ses enfants mais, moi aujourd'hui je veux que ça soit l’inverse. Je te promets que je viendrai te voir et je te promets que je me battrais pour que tu soit fière de moi. Tu te rétabliras et nous aurons encore de belles années devant nous parce que Dieu existe, le créateur est fidèle et il est bon. Il attends juste que nous fassions le 1er pas.
Je n’ai jamais aimé écrire parce que je sais qu'écrire c’est exposer son âme mais, je sais aussi qu'écrire, c’est empoigner sa souffrance, la regarder en face et la clouer sur la croix. Et après, on s’en fout d'être guéri ou pas. On a pris sa revanche… On a fait quelque chose avec tout ce chagrin.
Donc, j’ai écrit.
Merci d'avoir bien voulu nous introduire dans une partie de ton âme à travers ces magnifiques écrits.
RépondreSupprimerJ' admire vraiment ton courage et ta faculté a pouvoir t'ouvrir aussi grandement au monde entier en partageant des faits de ta vie si déliquat.
On dit que le temp est le meilleur guérisseur de ce genre de maux , c est peut être pour cela qu' on l 'assimile au bon Dieu.
Tout ce que je pourrais te souhaiter c'est de continuer à demeurrer dans la foie du Seigneur and "everythings gonna be alright."
Je t'ai toujours compté partir mes amis. Avec toi j'ai partagé les bons moments de la vie, où notre soucis au quotidien c'etait la trentaine de minutes qu'on passait ensemble après nos cours au college. Je rappelle quand on devait se dire au revoir, je devais partir en courrant et sans me retourner au risque de ne réussir à rentrer à la maison.
RépondreSupprimerJe garde de toi que les images de cette periode; les belles images de la vie. J'étais loin d'imaginer tout ces coups que la vie t'a infligés. Je m'explique enfin cette carapace autour de toi. Desolé pour cette amitié partielle.
J'ai espoir qu'un jour tu surmontras tout cela et connaitras le bonheur de l'âme.
J'espère de tout cœur que tu arriveras à surmonter cette épreuve et qu'elle te donnera la force de pouvoi affronter celles que tu as vécu et celles qui viendront.
RépondreSupprimerDans tes écrits je me suis quelque peu retrouvé, sur l'amitié , la vraie , mais aussi sur le supplice que peut être le sommeil. Je vis ce mal ,dormir est un supplice pour moi à cause des cauchemars et ceux presqu'a tout moment. J'ai trouvé un peu de réconfort avec Dieu même si je dois songer à faire comme toi .
Je sais ce que c'est.
J'espère de tout cœur que tu vas arriver à surmonter cette épreuve, même si on se connait pas , je vais t'accompagner en prières.