À cause du féminisme, j’ai raté le mariage.

Il y a 2 ans j'étais en Tunisie, j'ai rencontré un homme qu'on va nommer G. 

Il venait d'un pays sahélien. Bon, allons rapidement. Nous étions ensemble. 

Un jour nous sommes sortis avec ses amis et j'étais la seule femme. 

La discussion commençait avec ses amis.

Lui: "Le président de mon pays, il a placé tous ses enfants

à des postes importants. Regardez. son fils est à ce poste,

son 2ème fils est à ce poste,

 son 3ème fils ici."

Moi : "Mais je vois sur les photos qu'il a une fille, elle est placée où elle ?"

Lui: "Son mari est placé."

Moi : “Mais tu as dit tous ses enfants sont placés et elle tu me parles de 

son ma…”

Lui : “JE DIS SON MARI EST PLACÉ !!!”

Il venait de hausser le ton sur moi devant ses amis. Sa réaction m'a

 surprise. Pour une simple question pour moi qui révélait de la logique.

 Je me suis pour la 1ère fois posée des questions sur son rapport ou ses 

pensées sur l'existence des femmes. Mais, bon, ne dit on pas qu'il 

 existe des incompréhensions dans tous les couples ?

Nous menions notre petite relation, mais je continuais à remarquer des 

petites choses. Lorsque je devais faire la cuisine je pouvais lui demander

 de m'accompagner au marché, pour lui c'était NIET. Lorsqu'un verre traînait 

et que j'étais épuisée, je pouvais lui demander de m'aider en le lavant pour

 lui c'était NIET. Lorsque je l'appelais exténuée pour lui demander

 d'aller déposer les vêtements au pressing et qu'au retour de l'école j'allais

 les récupérer pour lui c'était NIET. Bref, tout ce qui était d'ordre à apporter 

de l'aide minime et humaine dans les tâches à 2, c'était NIET . Mais, encore

 ne dit-on pas que l'amour rend plus tendre et laxiste ? Ce n'était rien de

 grave pour moi.

Puis vint ce jour où j'ai appris qu'il me trompait. Il était toujours avec son

 ex avec laquelle il disait ne plus être. En clair, j'avais été stupide et naïve.

 Soit. Sachant que je savais tout, il n'avait aucune échappatoire et a dû

 m'avouer toute la vérité. J'ai eu mal et dans une tentative désespérée,

 je lui ai demandé de la quitter, que j'allais lui pardonner.

Lui :”Je ne sais pas, j'ai besoin de temps pour réfléchir, mais surtout

 CHOISIR.”

Je tombais des nues. J'avais été trompée, blessée, mais il se donnait 

le luxe de CHOISIR. Je souffrais. Je me rappelle encore de ce soir 

où je l'ai supplié de rester avec moi où il m'a poussée contre le mur 

parce que j'étais par terre accrochée à ses pieds le suppliant et me traînant 

pour ne pas qu'il m'abandonne et qu'il me choisisse. Il réfléchissait 

maintenant depuis 1 mois alors que je savais qu'il la voyait encore.

Puis, j'ai eu l'idée de contacter une personne. Son meilleur ami F.

Moi : “F je ne comprends pas, je souffre tellement. Pourquoi ? 

Qu'est-ce que j'ai fait ? Suis-je une mauvaise femme ?

F : “Bintou, je t'aime beaucoup donc je vais te dire la vérité.

 G est avec J depuis environ 4 ans. Il a eu beaucoup de relations à côté

, mais jamais une comme toi et je pense sincèrement qu'il t'aime,

 mais le problème est-ce que tu es et représente. Il m'a parlé,

 il veut se marier. Ce que G préfère chez J est que devant ses amis

 ou en société quand on leur demande chacun leur avis sur un sujet

 donné, elle ne le contredit pas, ne donne pas son avis et s'aligne 

toujours sur ce qu'il dit. Elle dit oui à tout ce qu'il dit.

 Elle fait ce qu'il dit. Elle est moins intelligente et cultivée que lui.

 Elle ne veut pas faire des études plus longues que lui.

 Elle croit tout ce qu'il dit. Elle fait tout à la maison 

et lui ne lave même pas un verre. Je ne peux pas compter

 le nombre de fois où il l'a trompée aux yeux de tous

 et elle lui a pardonné. Elle n'a pas de grands rêves. 

Elle n'a pas de passion autre que de fonder une famille.

 À côté d'elle, c'est lui qui brille, toi c'est le contraire. 

Tu as un fort charisme naturel. Le fait qu'il lui donne 

de l'argent lui suffit. Mais surtout, elle n'est pas féministe

 et même si elle l'était même si elle aidait les femmes battues

 ou violées comme toi, peu importe ce qu'elle aurait fait, 

il lui aurait dit de ne jamais dire qu'elle est féministe devant 

ses parents ou de ne jamais parler de ce genre de choses ou de sujets

 devant ses proches ou quand ils sont ensemble et elle l'aurait fait

 sans sourciller. Je t'aime énormément, rien n'est ta faute,

 c'est mon ami et je me devais en tant qu'homme de te dire

 la vérité pour que tu ailles de l'avant.”

Mon monde venait de s'écrouler, je n'arrivais pas à y croire.

 J'ai eu envie de mourir. 

Il ne m'avait pas et ne voulais pas me choisir à cause

 de ce que je faisais pour mes soeurs.

 Il ne voulait pas me choisir parce que j'étais simplement moi et spontanée.

J'ai appris que c'était l'anniversaire de ma rivale. 

Je savais que la fête allait se passer dans cette boîte de nuit.

 J'ai porté ma plus belle robe et rassembler mes économies pour y aller.

Avec mon amie, nous nous sommes assises et c'était bien ce que je pensais.

 Le dj chantait le nom de ma rivale dans toute la boite de nuit. 

“La femme de G tolékaaaa”

Celui que je considérais comme l'amour de ma vie lui a offert un Iphone 8

devant mes yeux.

 Je me rappelle que je ne lui demandais pas de l'argent parce

 que je l'aimais au contraire je l'aidais comme je pouvais parce

 que pour moi l'argent était secondaire. Nos regards se sont croisés.

 Enfin ce que je voulais arrivait. J'étais venue là volontairement pour SOUFFRIR.

Il me regardait dans les yeux en me narguant et moi je m’imprégnais de la douleur et de la souffrance.

Je la voulais cette douleur. Je voulais voir, je voulais avoir mal au coeur

dans ma chaire parce que je fonctionne comme ça.

Je dois absorber le mal qu'on me fait et le digérer. Je suis descendue.

En remontant j'ai croisé ma rivale. Elle m'a regardé dans les yeux

comme pour dire “J'ai gagné. J'ai gagné l'homme et bientôt je vais gagner le mariage.

Tu vois, il m'a offert un cadeau et m'a organisé une grande fête. Tu n'es rien toi.”

En vérité, elle a toujours su que j'existais, mais pas moi.

J'ai aussi absorbé cette douleur, je me suis mise en position de faiblesse et d'humiliation
parce que je le voulais.

Mon regard disait “Oui tu as gagné et moi je suis une merde.”

Je suis rentrée chez moi, j'ai pleuré.

J'avais mal d'avoir été abandonné et rejetée.

Qui voudra de moi ? Je ne serai jamais une femme “mariable”.

Je ne serai jamais comme elle et je suis une moins que rien.

Soudainement, j'ai pensé à toi papa. Je me suis rappelée quand j'avais 4 ans.

Je me revois courir et maman dire qu'une fille ne doit pas courir comme ça.

Je me voyais te dire que je voulais être journaliste de guerre.

“Est-ce que les filles peuvent papa ?” Et je me rappelle que tu m'as dit :

“Ma fille, soit ce que tu veux et je sais que tu le peux.

Tu es mon enfant, tu es bien plus que tu ne l'imagines Mamie.

Soit juste honnête et franche avec toi-même tout au long de ta vie. ”

Je n'ai plus jamais eu de nouvelles de G et de J.

Là maintenant, je pense à lui.

Je suis aussi en train de sourire et je tends ma main vers mon assiette pour paumer mon garba.